Il y a un moment que je voulais écrire ce billet, qui voit enfin le jour. Lors de mes recherches pour mon dernier livre, je me suis en effet aperçue à quel point les villes fantômes étaient nombreuses au Québec (et dans l'ensemble du pays, d'ailleurs, comme le montre le livre Ghost Towns of Canada, qui les répertorie). Par contre, je n'ai pas déniché d'ouvrages spécifiques sur les villes disparues de la province, dont plusieurs sont méconnues. J'ai donc pensé vous offrir un survol de quelques-unes de ces cités désertées... en espérant que je vous donnerai envie de les visiter.
Val-Jalbert (Lac Saint-Jean). Certainement la plus connue des villes fantômes du Québec. Il est vrai que c'est aussi un site touristique. Pour ma part, j'avais surtout apprécié, lors de ma visite, les vestiges et la chute, impressionnante. Mais comme le village est très fréquenté et que l'hébergement est offert sur place aux touristes, l'impression de se trouver dans une cité désaffectée se trouve un peu émoussée. Mais c'est un bon point de départ pour s'intéresser aux villes fantômes.
Joutel (nord de l'Abitibi). Il ne reste pas grand chose de Joutel, un village situé à 80 kilomètres au sud de Matagami (Baie-James), depuis la fermeture de plusieurs mines. Seuls quelques éléments épars sur la route 109 témoignent de son existence : fragments de trottoirs, escaliers sans fin, tracés de jeux dans la cour d'école... (montage photo de Sylvie Crépeault) Et pourtant, le village, qui comprenait jadis plusieurs centaines habitants, n'a été rasé qu'en 1998 !
Labrieville (Côte-Nord). Située à 150 kilomètres au Nord de Forestville, la ville a été érigée pendant la construction des centrales hydroélectriques de la rivière Betsiamites. Mais, compte tenu du peu de diversité des revenus des habitants, tous employés par la Centrale, l'économie périclita dès les années 70... et les maisons des habitants furent relocalisées à Forestville en 1974. Aujourd'hui, sur la route 385, des traces du village demeurent néanmoins perceptibles, comme l'illustre cette image du site, prise en 1978, après la fermeture de Labrieville (photo de Germaint)
Gagnon (Côte-Nord). Cette ville se trouvait sur la route 389, qui conduit à Fermont, et elle était située à 390 kilomètres au Nord de Baie-Comeau. Jadis une ville minière florissante, Gagnon a déjà compté 4000 habitants ! À l'époque, la ville était isolée de toute route (la 389 n'existait pas encore) et le sera jusqu'à sa fermeture, en 1984 (la route sera ouverte en 1987). Il reste quelques vestiges de Gagnon sur la 389, dont des silos pour le minerai, des trottoirs et une affiche, comme le montre cette image.
Saint-Jean-Vianney (Saguenay) : Le sort de ce village est particulier, puisqu'il a été détruit en 1971 par un glissement de terrain, qui a fait une trentaine de victimes. Il subsiste un monument commémoratif et une interdiction formelle de s'établir à cet endroit instable !
Et plusieurs autres villes fantômes ! Les destinations spectrales ne manquent pas... Donc, avis aux amateurs de vestiges et de sites (potentiellement) hantés !
Mon père a longtemps travaillé à Gagnon comme bûcheron. Les employés voyageaient par hélicos. Tu me fais souvenir de ça, soudainement.
RépondreSupprimerJe suis contente que ce billet t'aie rappelé des souvenirs ! Ce devait être singulier, en effet, de vivre à Gagnon, isolé de toute route, sans le moindre chemin de fer (Schefferville est moins isolée, en comparaison)...
RépondreSupprimerMon grand père a travaillé à Val Jalbert. Il était au moulin tandis que ma grand mère s'occupait de la cuisine et du ménage au couvent...J'y suis allé début 80...bien que ce soit touristique et commercial, ca faisait tout drole de voir son ancienne maison et tout le reste et le gouvernement tient ce village à bout de bras pour que tout ne s'écroule pas...Je suis aussi allé voir Landrienne en Abitibi et bien que ce village ne soit pas fermé, certains anciens rangs, oui. J'y ai connu des oncles, des voisins, l'ancien lot de mes parents...Plus rien aujourd'hui, juste une piste pratiquable en vtt. Triste.
RépondreSupprimerMerci de votre intéressant commentaire ! Il devait être fascinant, en effet, de visiter Val-Jalbert avant que la ville ne devienne un site touristique. Et avec les développements autour de la chute, le lieu est moins "fantôme" que jamais (en plus, il est même possible de coucher sur place, si je ne me trompe pas).
RépondreSupprimerAutrement, je ne savais pas que Landrienne était une ville "partiellement fantôme"... Je vais l'ajouter à ma liste de lieux à visiter un jour, même si, comme vous le soulignez, il est dommage qu'il ne reste plus qu'une piste de VTT. Enfin, plusieurs villes fantômes ont hélas connu le même sort, se retrouvant complètement rasées, réduites au seul état de souvenirs. Dommage, dommage...